In-koh wakana ge ( 印香 若菜下)

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In-kok wakana ge ( 印香 若菜 下) Encens pressé « jeunes herbes »

Manufacture : Shoyeido

Dimensions :
Largeur : 9,5 cm
Longueur : 15,5 cm

Poids : 30 gr

Nombre de pièces : 30

Packaging : sur-enveloppe en plastique cristal, enveloppe de papier à grain plié, pochette plastique

Composition : bois parfumé, plantes, épices

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Paquet et son contenu. En gras le nom du chapitre; et en haut a droite, le nom du livre. L’illustration représente un shō et par extension demoiselle Akashi.

Dealer

L’entreprise Shoyeido est considérée comme l’une des plus ancienne fabrique d’encens du Japon, voir la plus ancienne. Son histoire commence en 1705, quand Moriyoshi Rokuzaemon HATA alors à la tête du district de Tanba-Sasayama (préfecture de Kyoto) fonda la boutique « Sasaya ». Rokubei Moritsune HATA, 3ème génération de la famille a intégré les recettes confidentielles qu’il a appris à la cours impériale de Kyoto, offrant pour la première fois des senteurs qui n’étaient accessibles qu’à la royauté.

Après 300 ans, Shoyeido est considéré comme l’un des producteur d’encens parmi les plus qualitatif au monde et prend une part active dans la préservation des traditions en sponsorisant des compétitions d’encens ou des écoles de kodo. Bien sur, tout les encens Shoyeido contenant du bois d’Agar sont dotés d’un certificat CITES (l’agar étant une espèce protégée, soumise à réglementation)

Où se procurer de l’encens Shoyeido ?

  • Sur le site internet de la marque. Plein de référence mais d’un achat délicat pour un néophyte. Même si tout leurs produits sont d’une qualité irréprochable; les goûts et les couleurs et surtout le caractère particulier des encens japonais peuvent faire des déçus.
  • Les boutiques japonaises ou dédiées au Buddo (liste sur Paris disponible dans la rubrique adresse). Possibilité de sentir le produit, malheureusement ces boutiques ne sont pas toujours simple à trouver en province.
  • Les magasins bio et en particulier « La Vie Claire ». La référence peut semblait étonnante mais elle comporte en fait une subtilité et de se doter d’une loupe pour faire l’achat. en effet, les boutiques bio (mais pas que… regardez aussi du coté des boutiques ethniques) vendent souvent une marque nommée « Encens du monde » et qui propose des encens japonais roulés dans une feuille de papier à prix très modique. Encens du Monde ne fabrique pas d’encens japonais mais importe des encens fabriqués par Shoyeido, Kunjudo ou Kokando. Le fabriquant est mentionné au verso, à peu près au même niveau que le logo d’Encens du monde… en minuscule (Shoyeido) ou avec juste son logo (Kunjudo). La gamme Karin (boite en carton avec porte-encens, fabriquée par Kunjudo) est une bonne introduction aux senteurs classiques avec Vol d’hirondelle et Elan vers la lune.
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Le nom de la marque.

Présentation

Les inkoh sont de petits moulages d’encens d’une grande finesse dont l’apparence et la taille rappelle les bonbons de sucre dur tel que les bonbons à la violette. Les motifs les plus courant sont liés aux fêtes de passage de saisons : fleurs de pruniers ou de cerisiers, feuilles d’érables ou de lotus; éventail… D’autre se présentent sous la forme de motif plat, découpé a l’emporte-pièces, et pouvant être imprimés à l’aide d’encres spéciales.

Contrairement à l’encens en bâtonnet ou cône, la plupart des inkoh ne contiennent pas de matière comburante tel que le mako ou le charbon de bois. Ces encens ne peuvent donc pas être allumés de manière classique; ils doivent être mis à chauffer. La manière la plus classique consiste à enfouis a demi un charbon dans de la cendre blanche pour la chauffer, et de déposer l’inkoh a proximité.Il existe aussi des dispositifs dotés d’une grille en suspension au dessus du charbon ardent et permettant de chauffer l’inkoh. Enfin, la version la plus moderne passe par des brûleurs électriques.

Grâce à leur apparence raffinée, et pouvant être déposés dans une simple coupelle pour décorer; ces encens sont un cadeau raffiné et délicat, original.

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Dernier rabat du paquet orné d’un luth représentant Dame Akashi. Les deux illustrations du paquet font donc référence à la mère et la fille.

Senteur

Avant chauffage, la première impression que cette encens est celle chaude et épicée d’un massala indien; probablement due a la présence de jinkoh et / ou de ginger lily. Puis, de façon latente, la réglisse viens se marier à la note salée pour enfin s’arrondir sur une touche caramélisé de chicorée.

Au chauffage, la note curcuma disparaît pour laisser sa place à une réglisse mêlée de la saveur salée et épicée du jinkoh. Puis la senteur prend une tournure opulente avec des notes caramélisées, torréfiées, tendant vers une saveur de cognac et de prune confite. Enfin, comme un spectre; les notes terreuse et florale du patchouli et de la fleur de daphné viennent en dernier sillage.

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Inkoh en forme de fleur de cerisier / prunier. Sa taille est équivalente a une pièce d’un cent d’euro.

Source d’inspiration

Le Dit du Genji, rédigé il y a un peu plus de mille ans par Murasaki Shikibu et composé de 54 livres nommés jō (帖),  est considéré comme l’un des piliers de la littérature japonaise; peut être le plus important en terme d’influence dans les arts. Il narre les aventures du Genji, 2eme fils du premier empereur cité dans le livre. Ce Casanova extrême-oriental excelle dans les arts, les mots d’esprit, les conquêtes féminines (mais pas seulement) pléthoriques et évolue au sein de la cour Heian, considérée comme la cour la plus raffinée de l’histoire du Japon.

L’univers de cette cour se rapproche grandement de celle de Versailles sous Louis XV (et non XIV); avec un contexte de paix civiles, d’aristocratie oisive s’occupant dans les arts et les intrigues de palais; avec son pouvoir derrière le trône (représenté dans le Dit par la famille de la Dame aux Glycines évoquant le clan Fujiwara, clan de régents héréditaires) et bien sur sa très grande liberté de moeurs pour ne pas dire son libertinage.

La composition parfumée présentée fait explicitement référence au chapitre 35 du livre « Wakana ge » (les jeunes herbes, partie 2 / 若菜 下). Arrivé dans ses quarante ans, Genji s’apprête à célébrer le jubilé du second empereur qui venait de se retirer à la faveur du prince héritier (en réalité le fils illégitime du Genji).

Les célébrations prévoyaient un concert de Dames (toutes étant liées au Genji). Dans ce but, le héros enseigne à sa dernière épouse (la 3ème Princesse / Onna san no miya/ Nyosan ) à jouer du kin-no-koto (koto chinois). Le reste de la formation se composant de la manière suivante :

  • Dame Akashi jouera du Gakubiwa (luth ). Il s’agit d’une dame de basse extraction, fille d’un moine et d’une dame de moyenne noblesse. La fille qu’elle a eu avec Genji fut élevée par Dame Murasaki afin du lui offrir une possibilité d »élévation sociale.
  • Dame Murasaki jouera du sō no koto à 13 cordes. Elle est l’épouse de Genji et la nièce de la Dame aux glycines, le premier amour du héros. Elle a été kidnappée par ce dernier après la mort de sa tutrice dans le but d’être modelée par le héros comme épouse idéale.
  • Impératrice Akashi, fille de Dame Akashi et Genji et actuelle femme du 3ème empereur jouera du shō (笙) représenté sur l’illustration du paquet.
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Illustration du chapitre 35 représentant la 3eme princesse.

Au delà

Si le Dit du Genji à fortement inspiré les arts, c’est en particulier dans le domaine de l’encens que son influence a été la plus grande : recettes tirées du livre mais aussi divers jeu de cour à base d’encens dont le genjikō.

5 essences différentes sont scindées en 5 morceaux chacune. Parmi ces 25 morceaux, 5 sont tirés au hasard et mis a chauffer dans 5 brûles-encens. Les participants sont amenés à respirer les senteurs et a rendre leur verdict en usant d’un genji-mon; symbole représentant un chapitre du livre (le symbole représenté en bas à gauche du paquet). dans le cas du chapitre Wakana, ce symbole est utilisé si le premier et deuxième pots ont la même senteur. Si le troisième et le cinquième ont la même senteur et enfin que le quatrième est différent (sens de lecture japonais).

Les plus puristes accompagnent leur résultat d’un court poème ou calligraphie en lien avec le chapitre concerné; signe évident de leur connaissance de l’œuvre et de leur capacité d’improvisation littéraire ou picturale. Bien sur ce jeu est très marginal (il n’est pas rare de croiser un japonais qui ne le connaisse pas) et se limite à une élite intellectuelle, à des traditionalistes ou à l’aristocratie.

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Genji-mon : les représentations stylisées des chapitres.

Trouvé chez Kaze

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